Nous traversons une crise longue et pénible. D’autant plus que sa fin est difficile à prédire dans le temps.
Quand allons-nous retrouver une vie normale ? Sur le plan personnel comme sur le plan professionnel ?
Et, est-ce que notre vie sera la même qu’avant ?
Ce n’est pas du tout certain car pas mal de métiers vont être bien bousculés sans parler des cas extrêmes, de ces entrepreneurs, commerçants des activités non essentielles, qui vont déposer le bilan et de tous ses salariés qui seront privés d’emploi.
La colère et la peur montent et c’est bien normal pour ceux qui se sentent menacés.
Pour ma part j’ai bien vécu la première mise en confinement. Je me suis dit qu’un mois sans activité et sans Chiffre d’Affaires, ce n’était pas si grave et que l’activité reprendrait mi-avril. J’étais très optimiste et confiant.
Quand le confinement a été renouvelé pour un mois, pareil, je suis resté optimiste mais avec une petite baisse d’énergie car j’avais dû faire le deuil d’une très grosse mission.
Mon optimisme naturel m’a soufflé à l'oreille que tout allait bien se passer et que j’allais pouvoir retravailler en juin.
Malheureusement pour moi et pour eux, les restaurants, les lieux d’accueil de séminaires sont restés fermés. J’étais dans l’impossibilité de reprendre mes activités de formation ou d’accompagnement d’équipes. Heureusement, j’avais pu réaliser quelques accompagnements à distance.
Je dois avouer qu’à ce moment-là, j’ai senti une grande colère monter suivi d’un début de découragement. Et j’avais l’impression d’être sur des montagnes russes sur les plans émotionnel et énergétique, tantôt optimiste plein d’énergie, tantôt résigné, fatigué.
C’était assez surprenant, sans pour autant être inquiétant. J’étais surtout curieux de comprendre ce qui se passait en moi.
Et puis j’ai fait le lien entre ce que je vivais et le souvenir de la lecture il y a quelques années d’un bouquin de Jim Collins « De la performance à l’excellence »
Cet ouvrage décrit les clés qui ont permis à de grandes entreprises américaines d’atteindre un haut niveau d’excellence opérationnelle. Et il aborde dans un des chapitres comment certaines entreprises ont pu dépasser des crises particulièrement graves.
VIVRE LA CRISE AVEC LE PARADOXE DE STOCKDALE :
Il décrit ce qu’il a appelé le paradoxe de Stockdale. Et ce rappel du paradoxe de Stockdale m’a bien aidé, il a changé radicalement mon attitude vis à vis de cette crise que je traverse en tant qu’entrepreneur et en tant qu’individu.
D’où mon envie d'en parler dans cet article.
Jim Stockdale était un militaire américain, un amiral de la marine, parmi les plus décoré de l’armée américaine. Il a été fait prisonnier durant la guerre du Vietnam et il a vécu en captivité durant 8 ans dans des conditions particulièrement atroces. Plus haut gradé du camp, il avait en charge le « management » de l’ensemble des prisonniers pour maintenir leur état de santé physique, mentale alors qu’ils vivaient la torture, les privations, les vexations.
Je vous cite une partie de l’interview réalisées par Jim Collins et relatée son livre.
" je n’ai jamais perdu confiance quand à la manière dont cela se terminerait dit-il quand je lui posais la question. Non seulement je n’ai jamais douté que j’en sortirais, mais j’étais également sûr que cette expérience deviendrai l’évènement majeur de ma vie, celui que rétrospectivement je ne voudrais jamais effacer.
Qui n’y arriverait pas ?
oh, c’est facile dit-il, les optimistes.
Les optimistes, je ne comprends pas ?
Les optimistes, oh ils étaient les premiers à affirmer qu’on serait tous dehors avant Noël, mais Noël passait. Alors ils disaient qu’on sortirait avant Pâques. Et Pâques passait. Puis Thanks Giving, puis de nouveau Noël. Et ils mourraient de désespoir.
C’est une leçon très importante. Vous ne devez jamais confondre votre foi en un dénouement heureux et la discipline que vous vous imposez d’affronter les aspects les plus durs de votre réalité présente, quels qu’ils soient. "
C’est ça le paradoxe de Stockdale, garder confiance en ses capacités à s’en sortir quelques soient les difficultés et en même temps faire face à la plus brutale des réalités.
C’est ce qui lui a permis de survivre et c’est également ce que relate Viktor Frankl
dans son livre « Découvrir un sens à sa vie" ».
Il y décrit son expérience des camps de concentration durant la seconde guerre mondiale. On peut y retrouver le même phénomène. Une forme de fuite dans un espoir fantasmé ne reposant sur rien de tangible. Cet espoir auquel les prisonniers
s’accrochaient maintenait une certaine énergie de vie qui malheureusement s’effilochait un peu plus à chaque déception, jusqu’à les abandonner. Il fallait cet espoir pour affronter l’horreur du quotidien. Frankl comme Stockdale trouvait du sens à continuer à vivre, à affronter l’horreur, à aider ses camarades, à poursuivre sa mission de vie. Vivre avait toujours du sens pour lui y compris dans ce contexte qui niait la vie.
Bien sur la situation actuelle n’a rien de comparable avec ces deux expériences humainement atroces et dans lesquelles le sens même de la vie pouvait faire défaut.
Je les trouve juste inspirantes et modélisantes pour maintenir une confiance forte sur nos capacités personnelles à vivre, à supporter une crise que nous subissons, à y trouver une issue que nous rendrons acceptable voire même positive quoi qu’il se passe, en choisissant l’état d’esprit dans lequel la traverser, en évitant les projections, en regardant de manière lucide ce que nous avons à vivre même si c’est difficile.
Qu’en pensez-vous ?
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